- CONSTANTINOPLE (IIIe CONCILE DE)
- CONSTANTINOPLE (IIIe CONCILE DE)CONSTANTINOPLE IIIe CONCILE DE (680-681)Concile ayant mis fin à la querelle monothélite, qui avait commencé au début du VIIe siècle. Le monothélisme était une résurgence du monophysisme, lequel, contrairement à la doctrine définie à Chalcédoine et réaffirmée au IIe concile de Constantinople, tenait qu’il n’y a en Jésus-Christ qu’une seule nature (physis ). Dans l’intervalle le problème s’était déplacé: le Christ a deux natures parfaites, divine et humaine; mais, s’il n’est qu’une seule personne , ne faut-il pas lui reconnaître aussi une seule «énergie» (opération) et une seule volonté? Puisque les deux natures agissent ensemble (Chalcédoine), Sergius, patriarche de Constantinople, crut pouvoir n’admettre qu’une seule énergie, une seule volonté, théandrique, c’est-à-dire qui soit à la fois divine et humaine (619).L’empereur Héraclius, soucieux de sauvegarder l’unité de l’Empire — menacée par les invasions barbares, les guerres avec les Perses, les conquêtes de l’Islam, qui avait déjà envahi la Syrie, la Palestine et l’Égypte —, crut pouvoir rallier les monophysites de Syrie et d’Égypte sur la base du monoénergisme (une seule opération). En 629-633, les monophysites de Syrie, d’Arménie, d’Égypte (avec le patriarche d’Alexandrie, Cyrus) se rallièrent en effet à Constantinople.Un moine palestinien devenu patriarche de Jérusalem, Sophronius, s’opposa vigoureusement à cette doctrine, qui était en contradiction avec le dogme de Chalcédoine, mais qui n’en gagna pas moins du terrain. Sergius réussit à circonvenir le pape Honorius qui, mal informé et méconnaissant sans doute la gravité du problème, se contenta de demander qu’on évitât les controverses inutiles et les expressions nouvelles et qu’on pût parler aussi bien d’une opération que de deux (634). Héraclius à son tour enseigna officiellement le monophysisme (Ekthésis [édit] de 638). Devant l’opposition de l’Occident, Constant II, petit-fils et successeur d’Héraclius, mort dans l’intervalle, publia un nouvel édit (641) interdisant toute discussion sur ce sujet brûlant. Mais, à Rome, le pape Martin Ier réunit au Latran un synode qui définit deux volontés et énergies «naturelles» (entendons que l’affirmation de la dualité des volontés est la conséquence de celle des natures) et condamna les tenants de la doctrine opposée, y compris les patriarches d’Antioche et d’Alexandrie (648). L’empereur fit arrêter le pape et le fit amener à Constantinople, où il fut durement traité avant d’être exilé en Crimée. Il y mourut des suites des violences subies (655 ou 656): on se mit à le vénérer comme martyr. Une autre victime de ces querelles fut saint Maxime le Confesseur, le plus grand théologien de l’époque, adversaire décidé du monothélisme. Sur son refus d’adhérer à l’édit de Constant II, il fut exilé en Thrace; ramené à Constantinople, il y fut cruellement torturé: on lui arracha la langue et on lui trancha la main droite; exilé de nouveau au Caucase, il y mourut en martyr («confesseur» de la foi) en 662.C’est dans ces conjonctures que l’empereur Constantin IV Pogonat décide de convoquer un concile d’Empire pour tenter de rétablir l’union (678). Le pape Agathon lui donne son plein accord. Après un nouveau synode tenu au Latran, il envoie au concile qui allait s’ouvrir trois légats, porteurs d’une lettre dogmatique qui enseigne de nouveau la doctrine des deux énergies et des deux volontés «naturelles». À l’arrivée des légats romains à Constantinople, Constantin convoque les évêques des patriarcats de Constantinople et d’Antioche. Le concile, qui réunit environ cent soixante-dix évêques, tous orientaux, siège dans la grande salle du palais impérial du 7 novembre 680 au 16 avril 681. Les dix-huit sessions sont dirigées entièrement par les légats pontificaux. On dépose les tenants récalcitrants du monothélisme et l’on condamne la mémoire de Sergius et des autres défenseurs de l’erreur condamnée, y compris le pape Honorius.La profession de foi qui suit reprend la définition de Chalcédoine, en ajoutant: «Nous confessons, conformément à l’enseignement des Saints Pères, deux énergies naturelles et deux volontés naturelles, sans séparation et sans changement, sans division et sans mélange; deux volontés, non pas opposées l’une à l’autre, mais une volonté humaine subordonnée à la volonté divine.»Cette définition précisait et achevait la doctrine de Chalcédoine; elle coupait court à la doctrine monothélite, mais elle ne réussit pas à ramener les monophysites à l’unité de l’Église et de l’Empire. La tradition ultérieure, occidentale aussi bien qu’orientale, fit sienne cette définition et reconnut le IIIe concile de Constantinople, à l’égal des autres conciles œcuméniques, sans paraître s’inquiéter du problème que pose à l’histoire comme à la théologie la condamnation posthume d’un pape par un concile.
Encyclopédie Universelle. 2012.